dimanche, septembre 14, 2003

Grand Raid Godefroy

Une lourde chute au mois d'aout 2002 m'avait forcé au forfait l'année dernière. Autant dire que j'étais motivé pour cette année quoiqu'un peu inquiet: première participation, forme moyenne ...

Al Capol et moi avions décidé de jouer la carte du confort en logeant la nuit du samedi à Bouillon. APrès un passage au Roy de la Moule (si quelqu'un arrive à aller à Bouillon avec Al Capol sans passer par le Roy de la Moule il gangne son poids en pipe ardenaise de chez la Reine de la Pipe) , on se fait un tour de Bouillon by night et à pied pour trouver le site de départ mais sans résultat. Arrivés devant l'hotel on s'aperçoit que ce n'est pas à Bouillon même mais juste au dessus. On décide de prendre le risque de retirer les dossards le lendemain.

Je ne sais pas ce qui se passe mais je n'arrive pas à inspirer la sympathie aux Bouillonais...un fois de plus mes contacts avec les autochtones se révéleront difficiles au moment de payer la note. Pour ceux qui se souviennent des nos contacts précédents (week-end ADV): l'histoire continue mais cette fois il semble que le femelle puisse se passer du mâle dominant. Enfin, au moins Al Capol est mieux tombé (c'est prémonitoire...), il loge dans un hotel appartenant à l'organistaeur et bénéficie d'un petit déjeuner digne de ce nom, ce qui n'est pas le cas pour Cécile , Felix et moi.

Dimanche matin, on monte vers le site, c'est déjà raide mais on quitte Bouillon sous la brume pour se retrouver sur le plateau ensolleillé du site de départ. Je suis super excité, je retire mon dossard (ainsi que mon sac "cadeau": un t-shirt et...une bière! Je vous rappelle qu'il est 8h15!).


A 8h45 599 bikers prennent le départ sur les 90 kilomètres. Un peu timides on part à l'arrière et deux kilomètres plus loin on est coincés dans les bouchons. Le peloton s'étire quelque peu dans la descente sur Bouillon, un bref bisou à Felix et Cecile au passage ;-), et on remonte sur Noirefontaine en file, les dépassements incessants nous coûtant les premiers efforts de la journée (tout ça se paiera...). L'année prochaine je sprinte au départ ;-)


Un bref arrêt au premier ravitaillement et on attaque le vif du sujet. Le parcours s'enrichit petit à petit de longues côtes pas trop pentues et bien roulantes. C'est la longueur qui va nous user, c'est sûr. A l'approche de Botassart, le terrain se fait de temps en temps plus technique, et un ou deux kilomètres avant le second ravitaillement nous apercevons un biker à terre, mal en point. Nous apprendrons plus tard qu'un concurrent s'est fracturé la hanche...probablement lui.

Au deuxième ravitaillement, après avoir prévenu les secours, je bénéficie de l'assitance gratuite sur le stand Shimano et le mécano de service me change cable et gaine de derrailleur arrière à l'oeiul. Ma journée est sauvée car le coup "je remonte de deux, je descends de trois et je remonte de un" commence à bien faire à chaque changement de braquet.

La descente de Botassart sur le Tombeau du Géant est somptueuse, rapide, technique...On profite du dernier bout roulant et c'est l'alternance de bosses jusqu'à Rochehaut. Les concurrents sont maintenant complètement dispersés, on se fait de temps en temps dépasser par un fusée qui participe au 160 kms. Je suis de mieux en mieux, j'absorbe les côtes...j'ai la gniak. Al Capol commence à souffrir du dos, je pense qu'il commence à s'accrocher mais comme vous allez vous en rendre compte ci-dessous il n'est pas au bout de ses peines.

Peu avant Rochehaut, je ne sais pas ce qui me prend mais je décide de lâcher soudainement une petite vanne (je passerai son contenu sous silence, le reste de l'incident est déjà assez affligeant) et se faisant je fais un écart à gauche juste avant un virage à droite. Je percute Al Capol qui a déjà entamé sa manoeuvre et...il s'explose la cheville sur les dents de son 44. Très vite sa cheville prend une allure de testicule de mammouth. C'est moche. Heureusement (faut le dire vite) nous sommes juste avant le ravito de Rochehaut. Malheureusement (c'est plus correct) il n'y a pas de poste de secours. Après quelques minutes de réflexion, c'est...l'abandon pour Al Capol vers le 50ème kilomètre.

Je repars seul. L'ambiance est différente mais j'accroche un groupe de six bikers qui soutiennent un rythme qui me convient. Le rythme s'emballe un peu et on se retrouve à 30 à l'heure sur la route vers Alle. Après Alle je les laisse partir et j'attaque les ascensions à mon rythme. Bonne idée car le plus dur reste à venir. Les côtes les plus raides sont dans les 30 dernières bornes. Je remonte pas mal de bikers dans les côtes mais je commence à sérieusement accuser le coup. Je sens que je viens de passer un cap, je vais chercher le carburant ailleurs, à partir de maintenant il va falloir s'accrocher.

Les côtes qui suivent l'avant dernier ravitaillement me cassent ! C'est dur et plus inquiétant, quelques crampes font leur apparition. Je descends du vélo quelques instants, mauvaise idée, je comprends immédiatement que je n'ai plus qu'une alternative: pédaler.

Au dernier ravitaillement c'est pratiquement l'émeute car il n'y plus d'eau. Je ne m'arrête pas et je prends la roue d'un Luxembourgeaois une dizaine de bornes avant l'arrivée. Il est costaud ce qui m'incite à maintenir un bon rythme. Les crampes sont oubliées, je ne pense plus qu'à l'arrivée toute proche. Encore une magnifique descente dans laquelle mon compagnon du Luxembourg éclate la moitié de son vélo, une bonne côte bien raide (les 150derniers mètres à pied!) et c'est l'arrivée.


Après un petit passage au stand Compex où je fais gigoter mes jambes au rythme des électrodes et d'un "chihuahua" craché à pleins poumons sous la tente d'arrivé, nous descendons tous sur Bouillon pour nour nous enfiler des frites et des macaronis qui avaient pour point commun d'être aussi immondes l'un que l'autre.

Al Capol est quand même bien déçu de n'avoir pu terminer. On se fait quelques plans pour l'année prochaine, une chose est sûre on va les pourrir.

Dans la rubrique conseils je ne saurais trop vous conseiller si vous participez au GRG d'emporter de quoi massacrer tranquillement au fond d'un bois un type où l'autre qui aurait jeté ses emballages de barres énergétiques devant vous.

J'ai appris par l'organisateur que la prochaine édition n'aura lieu qu'en mai 2005, selon Al Capol c'est un argument supplémentaire pour s'inscrire sur 160 kilomètres ... qui a dit "revanche" ?