lundi, juillet 03, 2006

Hightimes

Si le paradis du VTT existe, une partie doit forcément se situer en Suisse. Je viens de passer trois jours de VTT absolument inoubliables dans le Valais.

Ces dernières années je me méfiais quelque peu du VTT en vacances. En général j’arrive sur place et comme je ne connais pas trop l’endroit je me rends au syndicat d’initiative pour obtenir les renseignements sur d’éventuels circuits balisés. J’obtiens facilement l’info et je mets alors un quart d’heure à me rendre compte que le balisage est nul, arraché ou inexistant selon les cas et ma balade se transforme vite en tâtonnements et égarements assez irritants. Au final je n’ai rien vu, peu roulé et je suis mauvais… Donc cette année j’avais pris mes précautions et bien que faisant confiance au Suisses pour soigner l’accueil et le balisage, j’avais pris des roues montées en « slicks » avec l’intention de rouler sur la route et d’escalader quelques cols si la pratique off road se révélait fastidieuse.

Autant dire tout de suite que ce fut une précaution inutile car je n’ai pas quitté les chemins de terre au cours de mes sorties.

Le premier jour, je me lance en pleine confiance sur le circuit qui démarre près de l’endroit où nous logions. Le 5 premiers kilomètres sont idéaux pour se mettre en jambes et déjà le paysage est fantastique. Je longe une petite rivière bien tumultueuse dont le bruit seul parvient à procurer une sensation de fraicheur. Les choses se compliquent assez rapidement et sans avoir le temps de m’en rendre compte ça grimpe très sévèrement. La petite rivière est de plus bien loin et la chaleur intense. Emporté par mon enthousiasme, je me rends compte que j’ai démarré trop fort et que je suis déjà à 180 pulsations. Après une petit dizaine de kilomètres j’aperçois une bifurcation que j’emprunte et un kilomètre plus loin, je me retrouve sur un singletrack en forêt où alternent petites montées abruptes et escentes technique. Un régal. Par moment, les épines de sapin forment un tapis qui rend silencieuse ma progression et j’ai parfois l’impression de voler. Je bouche sur un chemin plus large qui me conduit au bord ‘un petit lac d’un bleu que seuls ont les lacs de montagne. Je ‘égare quelque peu et décide de revenir sur mes pas pour parcourir le sentier en sous-bois dans l’autre sens. A la sorite du bois je suis un balisage dont j’ignore la destination et je suis reparti pour une longue ascension à travers les alpages. La pente n’est pas trop raide (à peu près 8%) mais je commence à sentir les effets du mon démarrage impétueux. Je passe un panneau indiquant une altitude de 1900 mètres et un bref coup d’œil à l’altimètre de mon Polar me révèle l’exactitude de celui-ci à 20 mètres près. Je continue à monter  pour faire une pause à 2100 mètres. Le paysage est magnifique et la sensation de solitude particulièrement apaisante. La fatigue est là cependant et je redescends en me laissant un peu grisé par la vitesse. Je décrasse sur les derniers kilomètres et là j’aperçois une balise indiquant le parcours du Grand Raid Cristalp. Mon parcours du lendemain est tout tracé.

Le deuxième jour, j’emmène F. faire une petite sortie d’une dizaine de kilomètres au cours de laquelle, une fois de plus il m’impressionne. Ce gamin adore l’effort physique et vraisemblablement de vrais aptitudes à celui-ci. Je profite de la sortie pour m’échauffer tout en douceur afin d’éviter les écueils de la veille. Une fois F. ramener à la maison, je me dirige vers les balises aperçues la veille que j’emprunte à contresens. Je n’ai pas beaucoup le choix car dans le sens normal je me dirigerais vers le « Pas de Lona », que personne de sain d’esprit n’irait affronter sans y être obligé. La description de la sortie est assez simple : ça monte et de temps en temps, ça monte plus fort. Une fois de plus, le paysage est absolument fantastique. Comme je me suis bien échauffé, les pulsations restent raisonnables dans un premier temps. Elles finiront cependant par ‘emballer sous les effets conjugués de la pente, de l’altitude et de la durée. Après environ 10 kilomètres d’ascension je suis à 2300 mètres. Au détour d’un virage j’aperçois le « Pas de Lona » sur le versant d’en face, impressionnant même de loin. Plus haut sur mon versant je peux distinguer le sommet mais ce ne sera pas pour aujourd’hui car je suis attendu et de plus, étant parti en fin d’après-midi, le température commence à être fraiche à cette altitude. Un dernier coup d’œil vers le sommet me convainc de revenir le lendemain pour le vaincre. La descente est une récompense bien méritée et il me faut moins de dix minutes pour descendre ce qui m’a demandé une heure à escalader. Le sourire béat que j’arbore à l’arrivée ne me quittera plus de la soirée.

Le troisième et dernier jour, mon objectif est clair : aller au sommet. C’est ma dernière sortie en Suisse et j’ai la ferme intention de ne pas me ménager, je me reposerai sur la route du retour. J’emprunte le même chemin que la veille mais en mettant un peu plus la gomme. Je suis constamment entre 175 et 180 pulsations. Je franchis le point où je m’étais arrêté la veille et je continue vers le sommet. C’est évidemment beaucoup plus long que ne me l’étais tout d’abord imaginé mais j’en prends plein les yeux ( pleins les jambes et les poumons aussi d’ailleurs). Je traverse un premier alpage et j’aborde la toute dernière partie, les pourcentages augmentent encore un peu après une brève accalmie. Je perçois très nettement les effets de l’altitude sur ma respiration. Sur le dernier kilomètre, je dois passer le 22x32 !!! Je suis constamment à la limite de la perte d’adhérence et maintenir la roue avant au sol est une vraie gageure. J’atteins un petit plateau et je dois me rendre à l’évidence : si je veux vraiment atteindre le sommet, je devrai porter. Je suis un peu déçu mais l’altimètre indique 2700 mètres et je traverse quelques plaques de neige au sein d’un paysage incroyable et ma déception est vit oubliée. Je reste là une dizaine de minutes, à regarder les glaciers, j’ai rarement été aussi calme. Je vois des marmottes étonnées sans doutes de voir un truc rouge et blanc se balader au milieu de leur prairie. J’amorce donc la descente qui l’occasion de me rendre compte que la pente est raide, roue arrière bloque, je continue à dévaler. Je fais alors la seule erreur du séjour, je m’engage sur un sentier qui va vite se révéler impropre à la pratique du VTT. Comme j’ai déjà descendu plusieurs hectomètres particulièrement raides, je renonce à remonter mais je prends deux trois gamelles et ne tarde pas pas à me rendre compte que je suis complètement paumé. Je suis obligé de prendre le vélo sur le dos et de descendre à pied. C’est l’occasion de vérifier si besoin en était que les chaussures de VTT sont inappropriées à la randonnée en montagne. Heureusement après trois bons quart d’heure, je tombe sur … le lac découvert l’avant-veille. J’ai laissé pas mal d’énergie dans ma pénible progression pédestre et je décide de rentrer. Comme je l’expliquerai plus tard à C., j’ai connu au cours de cette sortie le « syndrome grand bleu » à la seule différence qu’au lieu de vouloir aller toujours plus bas, je voulais aller toujours plus haut.

Le lendemain, jour du retour, j’ai les cuisses en béton, petit souvenir supplémentaire des mes aventures. Quoi qu’il en soit, la saison prochaine je mets un objectif sportif au-dessus de tous les autres : le Grand Raid Cristalp !

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